« Réduire la consommation intensive d’énergies carbonées est nécessaire mais insuffisant pour atteindre les objectifs ambitieux des accords de Paris sur le climat ». Une fois de plus, une étude, menée ici par Joseph E. FARGIONE, directeur des Sciences au sein de L’ONG « The Nature Conservancy » en collaboration avec d’autres chercheurs, met en évidence les difficultés éprouvées pour maintenir la hausse des températures en dessous de la barre des 2°C comme convenu par les 195 pays signataires.
Néanmoins ces chercheurs proposent tout de même une série de 21 solutions naturelles qui pourraient être mises en place afin d’y parvenir. Se basant sur les émissions nettes des Etats-Unis en 2016, la mise en place combinée de ces solutions permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 21%. De plus, elles pourraient être mises en oeuvre par les pays du monde entier afin que chacun puisse faire sa part.
Dans leur étude publiée le 14 novembre dans le journal « Science Advances », les chercheurs indiquent pouvoir réduire un maximum potentiel de 1.2 (0.9 à 1.6)Pg CO2e an-1 (petagramme d’équivalent CO2 par an). Mais ces solutions ne se limiteraient pas à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, elles permettraient aussi selon eux d’améliorer : la filtration de l’air et de l’eau, le contrôle des inondations, la qualité et la richesse des sols, l’amélioration de l’habitat, ainsi que d’autre avantages en terme de résilience climatique.
Concrètement de quoi s’agit-il ? Ces solutions consistent principalement à augmenter la séquestration de carbone, à éviter la libération d’autres gaz dans l’atmosphère et à améliorer la gestion des forêts, des prairies, des terres cultivées et des zones humides.
Selon leur étude, la solution à mettre en place qui possède le plus grand potentiel d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre est la reforestation. Cette pratique bien connue de notre association permettrait la de capter et de retenir les gaz à effet de serre produits par l’équivalent de 65 millions d’automobilistes et ce, uniquement à l’échelle des États-unis !
Comme le montre le schéma ci-dessus, plus d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre du pays pourraient être stockés dans les sols et les arbres. « La reforestation possède le plus grand potentiel de limitation climatique (307 Tg CO2/an) » indiquent-ils dans leur analyse. Les zones avec le plus grand potentiel sont le nord-est (35%) et le sud (31%) des États-Unis. Cette mitigation climatique passe à 381Tg CO2e an-1 si tous les terrains historiquement boisés étaient reforestés.
La séquestration de dioxyde de carbone dans la biomasse végétale représenterait ainsi à elle seule environ 63% des efforts à effectuer pour atténuer le réchauffement climatique. Toujours selon les chercheurs, les forêts offrent d’autres solutions à fort potentiel grâce par exemple à l’utilisation du bois en construction et en charpente. Le « produit-bois » permet accroître encore la durée de séquestration tout en éclaircissant les forêts afin de diminuer les risques de grand incendies qui sont à chaque fois une catastrophe écologique.
La nature nous offre une solution simple et rentable pour combattre le réchauffement climatique. Joseph E. FARGIONE, directeur des Sciences de The Nature Conservancy
Christopher A. Williams, scientifique spécialiste de l’environnement et professeur associé à l’université de Clark au Massachussets, complète en indiquant que « nous avons estimé précisément la surface de zones boisées que nous perdons chaque année au États-Unis et nous savons donc quelle quantité de CO2 relaché dans l’atmosphère cela représente. Renverser ces tendances permettrait de combattre efficacement le réchauffement climatique, aujourd’hui nous savons à quel point c’est le cas et où se trouvent les zones présentant le plus grand potentiel ».
Pour finir, dans leur étude les scientifiques signalent avoir fait des estimations des réductions d’émissions qui pourraient être réalisées pour 10$, 50$ et 100$ par tonne de CO2 relaché ; ils indiquent que respectivement 25%, 76% et 91% de la limitation maximale pourrait être atteinte avec ces dépenses. Ils en concluent qu’un prix d’au moins 100$ est nécessaire pour rester en dessous des 2.5°C d’augmentation de température pour les 100 prochaines années et qu’il faudrait faire des dépenses encore plus élevées pour arriver à l’objectif des accords de Paris (moins de 2°C).
Des efforts importants sont donc à fournir mais nous voyons bien, grâce à cette étude, que la reforestation possède un pouvoir immense de limitation du réchauffement climatique et qu’elle est donc la meilleure solution naturelle sur laquelle miser.
Traduit et adapté de l’anglais par Jean-Baptiste YBOO
Source: https://news.mongabay.com/