- SOMMAIRE
- #1 Constat sur la déforestation
- #2 Définir le cadre des actions de reboisement
- #3 Le produit-bois, champion du stockage de carbone
#1 Constat sur la déforestation
En règle générale la déforestation est essentiellement due à la conversion des zones forestières en terres agricoles de culture et de pâturage, induite par l’explosion démographique et la recherche de productivité agricole.
Cependant la déforestation que l’on rencontre en Amazonie équatorienne est essentiellement due à l’ouverture de routes pour l’exploitation du pétrole provoquant inexorablement l’avancée du front pionnier vers les forêts primaires. S’en suit, la coupe sélective des arbres d’essence noble pour alimenter à la fois le marché national et occidental avec ces essences tropicales dont les propriétés de résistance à la dégradation (par des agents biologiques) sont excellentes.
Cette déforestation sélective transforme les forêts primaires en forêts secondaires dont la valeur économique est pratiquement nulle. Ces terres sont alors colonisées par des populations provenant d’autres régions où la démographie est élevée et qui convertissent les forêts secondaires en terres agricoles de culture et de pâturage, à la recherche de productivité. Ces nouveaux habitants poursuivent la déforestation en recherchant du bois de qualité toujours plus loin dans les forêts primaires. Au fur et à mesure que les générations se succèdent, le front pionnier avance et les forêts primaires diminuent.
Dans un tel système de colonisation, la conservation des forêts primaires est impossible. Tout l’enjeu est de parvenir à juguler ce phénomène suffisamment longtemps pour que la conscience collective s’accorde sur la nécessité de préserver les forêt primaires.
L’une des solutions pour y parvenir consiste à valoriser les forêts secondaires et la production de bois d’œuvre sur les terres agricoles comme c’est le cas dans les systèmes agroforestiers.
Le succès économique des projets de reboisement implique inévitablement la participation des populations locales. Les forêts gérées durablement procurent du bois de construction, d’artisanat et de cuisson ainsi qu’une médecine alternative, mais permettent également le stockage du carbone, responsable du réchauffement climatique.
En effet, les végétaux absorbent du carbone dans leur phase de croissance et en stockent tant qu’ils ne sont ni décomposés, ni brûlés. Ainsi, en augmentant la quantité d’arbres, on diminue la quantité de carbone dans l’atmosphère pendant la durée de vie des arbres. En outre, si ces arbres sont ensuite utilisés pour créer des objets dont la durée de vie est longue (meubles, maisons, etc…), la durée de stockage du carbone s’allonge d’autant.
#2 Définir le cadre des actions de reboisement
Séquestration du CO2
Nous considérons que le projet Ishpingo stocke du carbone de deux manières.
Directement: par la conversion de terres agricoles totalement dégradées en plantation agroforestières où la densité des essences de bois d’œuvre varie de 100 à 1000 arbres par hectares. Un calcul simplifié et utilisé par beaucoup d’organismes compensateurs de carbone propose une base de 100kg de carbone stockée par arbre durant les 10 premières années. Soit 10 à 100 tonnes par hectare reboisé.
Ces essences de bois nobles peuvent également être utilisées pour la construction des maisons, des meubles des agriculteurs et permettent de générer des revenus grâce à leur vente.
Indirectement: car il en résulte une diminution significative de la pression exercée sur les forêts primaires environnantes. La libération de carbone qu’aurait provoqué la destruction de ces forêts, couplée à la conversion massive de ces zones en terres agricoles ne peut être quantifiée précisément, mais les chiffres sont bien supérieurs à la reforestation propre. Ce phénomène s’appelle la déforestation évitée.
Environ 20% des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la déforestation, les projets de déforestation évitée sont donc pris très aux sérieux par les Nations-Unies.
Gestion durable de la forêt
Il faut garder à l’esprit le fait que le prix de vente du bois légal est deux fois plus élevé que le prix de vente du bois illégal, ce rapport symbolique de 1 à 2 est relativement bien compris par les populations locales. Celles-ci se prètent alors au jeu de la reforestation et de la gestion durable de leurs forêts. Les coupes sont supervisées par un ingénieur forestier agréé qui détermine un volume annuel à couper et oblige à pratiquer le reboisement en parallèle.
Le bois est alors perçu comme un dépot en banque, un investissement et en cas de nécessité il permet rapidement de gagner une certaine quantité d’argent en procédant à sa coupe. Un énorme travail de sensibilition est nécessaire auprès de toutes les populations qui interagissent avec les forêts. En Équateur il n’est pas rare de rencontrer des agriculteurs qui ont été jusqu’à vendre leur terre pour pallier à une urgence financière.
Arbre de bois d’oeuvre comme médecine traditionnelle
Certaines espèces de bois d’œuvres sont aussi utilisées pour élaborer des remèdes de médecine traditionnelle (feuille, écorce). L’arbre est valorisé, donc conservé et l’achat de médicaments issus de la médecine moderne n’est plus systématiquement nécessaire. Cela représente une économie sur le budget des familles qui contribue à l’amélioration de leurs conditions de vie générales.
#3 Le produit-bois, champion du stockage de carbone
Bien que le stockage en forêt permet d’immobiliser simultanément une très grande quantité de carbone, cette pratique présente néanmoins des défauts non négligeables.
Premièrement le stockage forestier est limité dans le temps. Une forêt viellissante finit inévitablement par rentrer dans une phase de stockage de carbone faible puis nulle lorsque le taux de mortalité des arbres compense le niveau de productivité primaire.
Deuxièmement il existe une limite spaciale, il n’est en effet pas possible de stocker plus d’une certaine quantité de bois par hectare de forêt, cette limite est physique donc immuable.
Enfin, il convient de noter que les puits de carbone forestiers sont réversibles dans le sens où la forêt peut malheureusement être défrichée ou brulée.
Le meilleur moyen de stocker durablement du carbone semble être l’utilisation de produit-bois. Substituer le bois en remplacement des matériaux fossiles, minéraux voir même des énergies fossiles a un impact très important sur la réduction des émissions de CO2, on appelle cela la « pollution évitée ».
Non seulement les produit-bois permettent de rallonger la durée d’immobilisation du carbone capturé lors de la croissance de l’arbre, mais en plus ils donnent une véritable valeur économique et sociale aux forêts secondaires aux yeux des populations locales. Cette valeur joue un grand rôle dans la préservation des forêts primaires dont le futur est étroitement lié aux nouvelles méthodes de reboisement et d’exploitation des agroforêts.