#1 Définir le cadre des actions de reboisement

Séquestration du CO2

Nous considérons que le projet Ishpingo stocke du carbone de deux manières.
Reboisement avec des espèces de bois d'oeuvreDirectement: par la conversion de terres agricoles totalement dégradées en plantation agroforestières où la densité des essences de bois d’œuvre varie de 100 à 1000 arbres par hectares. Un calcul simplifié et utilisé par beaucoup d’organismes compensateurs de carbone propose une base de 100kg de carbone stocké par arbre durant les 10 premières années. Soit 10 à 100 tonnes par hectare reboisé.
Ces essences de bois nobles peuvent également être utilisées pour la construction des maisons, des meubles des agriculteurs et permettent de générer des revenus grâce à leur vente.
Indirectement: car il en résulte une diminution significative de la pression exercée sur les forêts primaires environnantes. La libération de carbone qu’aurait provoqué la destruction de ces forêts, couplée à la conversion massive de ces zones en terres agricoles ne peut être quantifiée précisément, mais les chiffres sont bien supérieurs à la reforestation propre. Ce phénomène s’appelle la déforestation évitée.
Environ 20% des émissions de gaz à effet de serre sont dues à la déforestation, les projets de déforestation évitée sont donc pris très aux sérieux par les Nations-Unies.

 

Gestion durable de la forêt

Il faut garder à l’esprit le fait que le prix de vente du bois légal est deux fois plus élevé que le prix de vente du bois illégal, ce rapport symbolique de 1 à 2 est relativement bien compris par les populations locales. Celles-ci se prêtent alors au jeu de la reforestation et de la gestion durable de leurs forêts. Les coupes sont supervisées par un ingénieur forestier agréé qui détermine un volume annuel à couper et oblige à pratiquer le reboisement en parallèle.
Le bois est alors perçu comme un dépôt en banque, un investissement et en cas de nécessité il permet rapidement de gagner une certaine quantité d’argent en procédant à sa coupe. Un énorme travail de sensibilisation est nécessaire auprès de toutes les populations qui interagissent avec les forêts. En Équateur il n’est pas rare de rencontrer des agriculteurs qui ont été jusqu’à vendre leur terre pour pallier une urgence financière.

 

Arbre de bois d’œuvre comme médecine traditionnelle

Certaines espèces de bois d’œuvres sont aussi utilisées pour élaborer des remèdes de médecine traditionnelle (feuille, écorce). L’arbre est valorisé, donc conservé et l’achat de médicaments issus de la médecine moderne n’est plus systématiquement nécessaire. Cela représente une économie sur le budget des familles qui contribue à l’amélioration de leurs conditions de vie générales.

 

#2 Le produit-bois, champion du stockage de carbone

Bien que le stockage en forêt permette d’immobiliser simultanément une très grande quantité de carbone, cette pratique présente néanmoins des défauts non négligeables.
Premièrement le stockage forestier est limité dans le temps. Une forêt vieillissante finit inévitablement par rentrer dans une phase de stockage de carbone faible puis nulle lorsque le taux de mortalité des arbres compense le niveau de productivité primaire.Maison en fuste qui stocke durablement une grande quantité de carbone
Deuxièmement il existe une limite spatiale, il n’est en effet pas possible de stocker plus d’une certaine quantité de bois par hectare de forêt, cette limite est physique donc immuable.
Enfin, il convient de noter que les puits de carbone forestiers sont réversibles dans le sens où la forêt peut malheureusement être défrichée ou brulée.
Le meilleur moyen de stocker durablement du carbone semble être l’utilisation de produit-bois. Substituer le bois en remplacement des matériaux fossiles, minéraux voir même des énergies fossiles a un impact très important sur la réduction des émissions de CO2, on appelle cela la « pollution évitée ».
Non seulement les produit-bois permettent de rallonger la durée d’immobilisation du carbone capturé lors de la croissance de l’arbre, mais en plus ils donnent une véritable valeur économique et sociale aux forêts secondaires aux yeux des populations locales. Cette valeur joue un grand rôle dans la préservation des forêts primaires dont le futur est étroitement lié aux nouvelles méthodes de reboisement et d’exploitation des agro forêts.