Surveiller l'exploitation du bois dans les forêts tropicales et participer à la séquestration de carbone

#1 Pour commencer.

Depuis déjà quelques décennies, le réchauffement climatique est devenu une préoccupation mondiale majeure. La médiatisation croissante des différentes conférences internationales pour le climat (COP21, Rio+20, etc.) l’atteste. Cette prise de conscience s’accompagne de nombreux préjugés. L’exploitation du bois est un bon exemple. On a souvent cette image de parcelles amazoniennes nues où l’on pointe du doigt le rejet massif de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à travers un slogan percutant. Certes, couper du bois participe directement au réchauffement climatique mais la réalité est tout de même bien plus complexe.
 

#2 La substitution énergétique: bois vs hydrocarbures

Par le biais de la photosynthèse, une forêt peut absorber de 11 à 37 tonnes de CO2 par hectare et par an. En France, 65 millions de tonnes de CO2 supplémentaires sont stockées. Ces chiffres contribuent au phénomène que l’on appelle la séquestration de carbone. Brûler du bois rejette directement du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cette quantité de carbone rejetée a été stockée durant toute la croissance de l’arbre. Le bilan est donc neutre puisque la quantité de carbone rejetée par combustion a été stockée au préalable. De plus, la production d’énergie en substitution aux hydrocarbures permet d’éviter l’émission de CO2 fossile. On estime qu’utiliser 1m3 de bois en substitution aux hydrocarbures permet d’éviter de rejeter jusqu’à 0.5 tonnes de CO2. Utiliser du bois permet dans ce cas de limiter le réchauffement climatique.
 

#3 La séquestration de carbone dans les produits faits à base de bois

Le dioxyde de carbone est le gaz que l’on considère le plus nocif pour la couche d’ozone car il est le premier en terme de volume global. Le schéma ci-dessous montre les différentes origines de rejet de CO2 dans l’atmosphère.
 

Le cycle du carbone sur la planète

Il signale aussi les deux principales sources de captation du dioxyde de carbone: les océans et la forêt. Une fois le bois coupé, le carbone peut être stocké dans des meubles, des tables, des chaises, dans la charpente ou encore des parquets. Cette filière est communément appelée filière des produits-bois. Le carbone est stocké pour la durée de vie du produit-bois. Consommer 1m3 de produit-bois permet d’éviter le rejet de 0.74 tonnes de CO2 par rapport à un produit qui serait conçu à base de matière non renouvelable. Ainsi, lorsque le bois est utilisé dans la confection de produits, le carbone est maintenu hors de l’atmosphère, contribuant à lutter activement contre le réchauffement climatique. En France, on estime que 313 millions de tonnes de CO2 sont stockées dans des produit-bois.
 

#4 L’exploitation forestière doit être réfléchie pour être durable

Se limiter à déconstruire ces deux préjugés ne suffit pas. Il convient d’encadrer l’exploitation du bois par un projet durable de reforestation.
L’idée est dans un premier temps de séquestrer la part de CO2 rejetée par l’exploitation du bois comme énergie. Puis dans un second temps, de replanter des arbres afin d’augmenter le stockage de carbone puisqu’une part croissante est utilisée pour la filière produits-bois.
Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) soutient cette démarche: « Sur le long terme, une stratégie de gestion durable des forêts visant à maintenir ou à augmenter le stock de carbone en forêt tout en approvisionnant la filière bois (grume, fibre et énergie) à un niveau de prélèvement durable, générera les bénéfices d’atténuation maximum ». L’idée est donc d’exploiter les forêts de manière raisonnée.
Ainsi, il est inutile d’opposer de façon la reforestation à la déforestation. Cette notion est d’autant plus vraie que les forêts sont parties intégrantes des sociétés qui les possèdent. Le bois occupe une place de poids dans une grande partie des foyers du monde entier. Dans de nombreuses parties du monde, le bois reste la ressource énergétique majeure pour cuisiner et construire son logement. De ce fait, suspendre toute utilisation du bois au prétexte du réchauffement climatique n’est pas une solution envisageable.
L’exploitation du bois doit être encadrée par des projets raisonnés. Un projet de reforestation durable participe activement à la séquestration de carbone et in fine permet de réduire le réchauffement climatique.
 

#5 La démarche d’Ishpingo

L’association Ishpingo a fait le choix de travailler principalement avec des espèces de bois d’œuvre à forte densité. À titre d’exemple nous pouvons citer l’espèce Canelo amarillo (Ocotea javitensis) qui est utilisée dans la fabrication de meubles ou encore de planchers.Reforestation de bois d'oeuvre Le Chuncho (Cedrelinga cataeniformis), essence phare utilisée par l’association Ishpingo, s’utilise dans la construction de fenêtres, de portes ou encore de charpentes. Le Balsamo (Myroxylon balsamum) permet de fabriquer des outils mais entre également dans la composition de parquets ou encore d’instruments de musique. Le choix d’essence de bois à forte densité est motivé par la nécessité d’alimenter les filières de produit-bois en Équateur. L’idée est d’augmenter considérablement le potentiel de séquestration de carbone à l’échelle des communautés amazonienne en démocratisant l’utilisation de produit-bois, tout en leur fournissant une ressource monétaire importante sous la forme d’une épargne à long terme.
 

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Séquestration de carbone et exploitation du bois
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