Engrais organique bio

Suite à l’élaboration en septembre 2015 d’environ 5 tonnes d’engrais organique de type Bokashi, nous avons pensé qu’il serait intéressant de vous faire part de la méthodologie que nous avons suivie pour y parvenir.
Ce qui rend cette méthode si particulière c’est qu’elle permet d’obtenir un engrais organique d’excellente qualité ainsi qu’une multitude de micro-organismes et de nutriments qui enrichiront le sol durablement. L’objectif final est de créer des conditions idéales pour générer des plantes vigoureuses à haut rendement, tout en s’affranchissement de l’utilisation de produits chimiques.

 

#1 Les micro-organismes dans l’agriculture biologique.

Dans les écosystèmes naturels, il existe une grande variété de micro-organismes bénéfiques qui activent le sol et les écosystèmes. Nous y trouvons les levures, les actinomycètes, les bactéries lactiques et photosynthétiques. Tous ces micro-organismes se chargent de décomposer la matière organique du sol ainsi que les résidus qui s’y trouvent. Certains fixent l’azote de l’air, contrôlent les micro-organismes nuisibles, augmentent la disponibilité des nutriments pour la plante, dégradent des substances toxiques (pesticides, antibiotiques et autres composants bio-actifs) et participent à l’amélioration de la structure du sol. En général, ils sont à la base des écosystèmes complexes du sol et font le lien entre les systèmes sol-plante et sol-sol.
 
Dans l’agriculture conventionnelle, la formule « magique » de la fertilisation se nomme le NPK (Azote, Phosphore, Potassium). Pourtant derrière cette formule archi-connue se cache un engrais qui ne fournit ni plus ni moins que 3 éléments essentiels à la plante. Celle-ci se retrouve alors déséquilibrée et prédisposée aux attaques de ravageurs de récolte, champignons et autres.
 
La technique pour collecter ces micro-organisme est assez simple. Il suffit d’aller dans une forêt où il n’y a pas eu d’intervention humaine pendant au moins 25 ans et récupérer les feuilles mortes décomposées et minées par les champignons blanchâtres. Il est nécessaire d’enlever la première couche de feuilles mortes pour atteindre les feuilles que nous cherchons.
Une fois les micro-organismes récoltés, ces derniers sont mélangés avec d’autres produits (eau, mélasse, …) et le tout est mis dans des barils de 200 litres fermés pendant 20 à 30 jours. Ce processus de fermentation permet de favoriser la multiplication de ces micro-organismes. En d’autres termes, c’est de la microbiologie à grande échelle. Après 22 jours, les micro-organismes commencent à s’activer. Ce processus dure 6 jours. Une fois les micro-organismes activés, il est possible de créer des fertilisants foliaires et des fertilisants Bokashi.
 

#2 Processus d’élaboration de l’engrais organique

Bokashi est un terme japonais qui signifie « matière organique fermentée ».
Traditionnellement, les agriculteurs japonais utilisaient comme matière organique: de la farine de riz, du tourteau de soja, des farines de poisson, et le sol des forêts pour inoculer les micro-organismes. Le Bokashi est utilisé par les agriculteurs japonais comme un améliorateur de sol qui augmente la diversité microbienne, améliore les conditions physiques et chimiques du sol, prévient les maladies du sol et lui fournit les nutriments nécessaires au développement des cultures. Il permet également de retenir l’humidité dans le sol.
 

A) Ingrédients et matériel
Il n’existe pas de recette spéciale à proprement parler, il faut savoir profiter au mieux de l’environnement local et des composants disponibles:
composants riches en fibres: feuilles mortes, résidus de récolte, écorce de riz, pulpe de café ou de cacao et autres qui aident à maintenir les sols plus légers avec une meilleure infiltration d’eau et d’air.
composants qui apportent des macros et des micro-nutriments: fumier, guano, chaux, cendres, feuilles mortes… On devra utiliser une grande variété de matériaux pour garantir un meilleur équilibre nutritif du fertilisant.

 
Pour notre Bokashi géant nous avons dû collecter et préparer:

  • 70 quintaux de bouse de vache
  • 50 quintaux d’écorces de café
  • 5 sacs de charbon moulu
  • Un quintal de chaux agricole
  • 20 litres de mélasse diluée dans 100 litres d’eau (attention, l’eau ne doit pas être chlorée !)
  • 300 litres de micro-organismes activés
  • Des bidons, des pelles…

N.B. ici les quintaux sont en livres soit un quintal = +/- 50 kg
 

Ce Bokashi a été élaboré à la ferme expérimentale Ishpingo, où nous avons des infrastructures spéciales à disposition, notamment une dalle en ciment recouverte par un toit.
 

B) Préparation

  • Mettre le fumier, la pulpe de café et le charbon sur le sol.
  • Mélanger en cassant les bouses de vache si nécessaire.
  • Ajouter les micro-organismes activés.
  • Dissoudre la mélasse dans les 100 litres d’eau et ajouter le tout, petit à petit, en mélangeant.
  • Contrôler de le taux d’humidité en saisissant un peu de Bokashi à pleine main. Lorsque l’on serre le poing, il ne doit pas sortir de liquide. En desserrant la main, le mélange doit rester congloméré durant un instant. Après ce contrôle, ajouter de l’eau ou de la pulpe de café si nécessaire.
  • Brasser le tout au moins 2 fois jusqu’à atteindre un mélange homogène.
  • Recouvrir le Bokashi avec des sacs (type lona ou sarán).
  • Le jour suivant étendre le mélange qui ne devra pas dépasser 25 cm d’épaisseur.
  • Remuer tous les jours, matin et soir.
  • Le Bokashi est prêt au bout de 15 jours. Il s’agit maintenant de le conditionner en sacs pour la répartition ou l’épandage.

 

C) Le processus en image
 

Mélanger charbon moulu et pulpe de café

Mélanger le charbon moulu et la pulpe de café.

Ajout du fumier et/ou de la bouse de vache

Ajoutons ensuite le fumier ou la bouse de vache.

Répandre la chaux agricole

On s’occupe maintenant de répandre la chaux agricole.

Engrais, mélange à brasser

Voici un aperçu de ce que l’on obtient avant mélange.

Préparation des micro-organismes

Nous préparons maintenant les micro-organismes activés.

Dilution de la mélasse dans 100 litres d'eau

En parallèle nous diluons la mélasse dans 100 litres d’eau.

ajout de la mélasse et des micro-organismes

Nous déversons maintenant les micro-organismes et la mélasse sur le mélange.

Brassage de l'engrais et mélange avec du fumier

Avant de commencer le brassage nous cassons les bouses sèches à la pelle.

Engrais, brassage du mélange

Il faut maintenant brasser le tout 2 fois jusqu’à obtenir un mélange homogène.

Monticule d'engrais après brassage

Voici un aperçu du mélange après le premier brassage.

Étalage de l'engrais Bokashi

Nous étendons le mélange homogène qui ne doit pas dépasser 25 cm de hauteur.

Engrais Bokashi recouvert

Nous recouvrons le Bokashi, il faudra revenir remuer quotidiennement pendant 15 jours.

Après s’être assuré que le processus de fermentation était terminé, l’engrais organique Bokashi a été mis en sacs et stocké.
 

#3 Conclusion

Ce sont au total 100 quintaux qui ont été produits, la plupart seront distribués aux agriculteurs pour épandage lors de la plantation de leurs arbres fruitiers, une autre partie servira à des expérimentations sur la finca (en pépinière et dans les parcelles).
Des tests probants ont eu lieu à la ferme expérimentale et nous pensons que l’engrais organique Bokashi que nous avons produit permettra de diminuer l’attente pour la production fruitière et que les récoltes seront meilleures.
Des études à long terme seront réalisées pour dégager des conclusions scientifiques sur l’intérêt de cet engrais vert peu coûteux, environ 5USD le quintal, mais dont la préparation est assez complexe à mettre en oeuvre. Nous partagerons avec vous les résultats et nos constatations dans un prochain article.
 

 

Engrais organique Bokashi
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